La Chine est une des plus anciennes civilisations du monde, et sa culture si caractéristique a commencé à émergé avec les premiers Hommes qui se sont implantés près de l’emblématique fleuve jaune. La mode et les vêtements ont toujours tenu une place importante au sein de la société chinoise et en sont devenus des signes distinctifs.
Le Hanfu, la tenue du peuple Han
Hanfu signifie littéralement « tenue des Hans », les Hans étant la minorité ethnique majoritaire en Chine, et qui a été au pouvoir durant plusieurs lignées dynastiques. C’est vraiment le vêtement traditionnel chinois le plus emblématique, et il a influencé le style vestimentaire des voisins asiatiques. Par exemple, le kimono japonais ou le Hanbok coréens sont le signe visible de l’influence de la culture Han sur ces nations.
Le Hanfu n’est pas un vêtement, mais un style de vêtement avec certaines caractéristiques, notamment le col croisé et des manches larges et très longues. Imaginez un kimono japonais très ample, avec des manches qui dépassent la longueur des bras, et vous aurez l’image typique du Hanfu qui était utilisé durant les cérémonies, celui que l’on appelle aussi le « Shenyi ».
Le Hanfu a été le vêtement chinois pendant plus de 2000 ans, avant que la dynastie mongole des Qing arrive au pouvoir et impose son style vestimentaire au 17e siècle. Il aura ainsi disparu pendant plus de 300 ans avant de revenir sur le devant de la scène par un groupe de passionnés.
Le Hanfu est souvent associé aux arts martiaux chinois, c’est le type de vêtement que l’on voit dans tous les films ou dramas d’époque. Il inspire l’autorité, l’élégance et c’est le symbole du peuple Han.
Même si ce vêtement traditionnel est rarement porté comme tenue de tous les jours, il inspire la les créateurs et la mode d’aujourd’hui et ce n’est plus simplement une niche pour les fans de style ancien. En 2020, le site e-commerce Taobao a ainsi vendu plus de 20 millions de Hanfu et les marques qui s’inspirent de ce style ont grimpé dans le top 10 des plus vendues du site
Le Qipao, la robe sexy de la femme chinoise
Lorsque les Qing ont fondé la dynastie éponyme, ils ont imposé leur style vestimentaire. Le Hanfu a ainsi été remplacé par de longues robes, celle des femmes était appelée « Qipao ». A l’époque, c’était un vêtement ample qui ne laissait rien apparaître de la silhouette des femmes, et n’avait rien de sexy.
Après la chute de la dernière dynastie impériale et la création de la république de Chine en 1912, le Qipao est retombé dans l’ombre, jusqu’à ce qu’il ne réapparaisse 10 ans plus tard comme symbole de protestation des femmes contre le modèle patriarcale chinois.
Les femmes se sont mises à porter le Qipao, et cette robe est devenu le symbole de leur émancipation et de la reconnaissance de leur place au sein de la société chinoise.
Dans les années 1930, c’est à Shanghai que le Qipao est vraiment devenue le vêtement sexy que l’on connait aujourd’hui. Beaucoup plus ajusté, il souligne la silhouette des femmes avec élégance.
Pendant des années, le Qipao a été le vêtement national des femmes, qui le portaient au quotidien, avant que le style plus occidental (notamment le jeans) ne s’impose. La robe est cependant toujours considérée comme une tenue importante pour les grands événements, tels que les mariages, les cérémonies ou les représentations officielles.
Depuis quelques années, les grandes marques reprennent les codes du Qipao pour donner un côté asiatique à leurs création, pour le meilleur et souvent pour le pire. Car si la robe a maintenant une réputation sexy, voir sulfureuse, beaucoup de ceux qui la portent oublient que ces aspects vont à l’encontre de sa culture.
Pire encore, le Qipao inspire maintenant la lingerie sexy, il est associé au désir et au sexe, ce qui n’a finalement pour effet que d’alimenter certains clichés sur les femmes asiatiques, comme cela a pu l’être il y a quelques années avec les Geisha japonaises.
Finalement, même si les vêtements traditionnels chinois tiennent encore une place importante dans la société actuelle, force est de constater que la plupart des marques assimilent et mélangent toutes les cultures asiatiques entre elles, sans se rendre compte que cela va à l’encontre de l’histoire et de la culture de ces tenues.